Le Verre Soufflé : matière vivante

l’âme du Verre Soufflé

Le verre soufflé est une matière vibrante, il ressuscite le passé tout autant qu’il offre des émotions nouvelles pour le design l’architecture contemporaine.

Il joue avec la lumière et la transparence, la couleur et la texture, le mouvement et l’espace. Il vibre d’autant plus que la main de l’homme lui donne ses imperfections qui le rende vivant tout au long de la course du soleil.

C’est une matière à l’épreuve du temps, alliant la tradition, savoir faire, innovation et modernité pour le plus grand plaisir des yeux et de l’âme.

La Fabrication Ancienne du Verre

Le verre à été utilisé depuis la préhistoire avec l’exploitation des verres naturels :  l’obsidienne (roche vitreuse volcanique) taillée par l’homme pour former des pointes de flèches; les tectites (d’origine météoritique) servent également de bijoux ; enfin, les fulgurites petits tubes issus de la fusion du sable atteint par un éclair.

Ce n’est qu’aux alentours de 2500 av JC au Moyen-Orient que l’homme invente la matière vitreuse. Les artisans exploitaient la pâte de verre et produisaient des objets utilitaires, servant à contenir des huiles précieuses et parfumées. Il s’agissait d’objets polychromes en verre opaque de petites dimensions et en petite quantité. La technique employée est alors celle du verre formé sur noyau dite de « l’enduction sur noyau » , encore appelée « alabastron » : matière vitreuse déposée dans un noyau d’argile et de sable dont elle épouse la forme ; après séchage, le noyau se rétracte et peut être ôté facilement.

La technique évoluera par la suite et la masse vitreuse sera ensuite coulée sur table, c’est-à-dire versé et étendue sur une table de bois ou un lit de sable.

La technique du soufflage du verre à la canne pour fabriquer des vases et autres récipients, remonte quant à elle au Ier siècle avant Jésus-Christ au Moyen Orient sous l’Empire romain. C’est une véritable révolution technique car cela permet la fabrication d’objets verriers de plus grand format, plus rapidement et en plus grande quantité. Les artisans orientaux, probablement syriens, exploitent alors les propriétés d’étirement de la masse vitreuse. La diffusion de cette technique suit l’expansion de l’Empire Romain tout autour du Bassin Méditerranéen et se diffuse en Italie, en Gaulle, en Espagne avant de gagner toute l’Europe.

Les peintures des Hypogées de Beni Hassan montrent des artisans thébains soufflant le verre au bout de la canne devant un foyer, comme nous faisons encore maintenant.

Verre Soufflé à la Canne_Beni-Hassan_1200AvJC
Verre Soufflé à la Canne_Beni-Hassan_1200AvJC

Le Verre à Vitre

Les premières utilisations du verre pour des vitrages de bâtiments (verre plat de transparence relative coulé de 5 à 6 mm d’épaisseur) pour vitrer les fenêtres, remontent à l’époque romaine au 1er siècle après J-C. Des vestiges ont été notamment retrouvés sur le site de Pompéi. Cependant l’usage de ces verres plats sont restées extrêmement limitées y compris encore au Moyen-Age. Auparavant, on utilisait de minces plaques de mica ou d’albâtre.

L’usage du verre à vitre bien que connu des romains, fut donc peu répandu dans l’architecture civile jusqu’au XVe siècle. On se prémunit du vent et des intempéries par des moyens rudimentaires : volets de bois, toiles cirées, peaux ou papiers huilés qu’il valait mieux protéger de grillages. Durant le Moyen Âge, il y eut une longue stagnation du verre à vitre dans les maisons où les fenêtres dont la taille diminua n’étaient presque plus vitrées. Au début du XIVe siècle, naquit la première verrerie à vitre à Bézu-la-Forêt dans l’Eure et les feuilles planes (« plats de verre ») inventées par Philippe Cacqueray. En 1698 au château de Saint-Gobain, Lucas de Nehou mis au point le coulage des glaces.

La Fabrication du Verre Plat

Le verre plat ou verre à vitre fut obtenu entre le Ve et le Xe siècle selon les deux techniques de soufflage contemporaine l’une de l’autre :

  • La technique du verre soufflé en plateau ou en couronne ou bien encore en Cive a été également appelée « technique Normande« . C’est une technique produite dans l’Ouest de la Franc, où elle connaît son apogée entre 1700 et la moitié du XVIIIe siècle. Sa production durera jusqu’au XIXème siècle en Angleterre.
  • La technique du verre soufflé en manchon ou tableau a été également appelée « à la bohémienne » ou « technique lorraine« . Elle est produite dans l’Est de la France et dans l’Europe centrale.

Ces procédés furent utilisés durant tout le Moyen Âge pour la fabrication des vitraux.

Le soufflage en plateau ou Couronne ou Cive

Le verre plat ne prit son essor qu’à partir de l’invention de ce nouveau procédé.

Le verrier souffle une bulle qu’il ouvrira à une extrémité pour obtenir, par un mouvement très rapide de rotation, un disque plat. Les cives pourront atteindre jusqu’à 80cm de diamètre.

Verre Soufflé Méthode Normande en Plateau
Verre Soufflé Méthode Normande en Plateau

Les deux premières opérations (A&B) sont les mêmes dans les 2 modes de fabrication.

La boule appelée « Paraison » est soufflée suivant un mouvement tournant (B). Dès que la boule est assez importante, on fixe une autre canne à l’autre extrémité et l’on détache la première canne qui a servi à souffler (C).

On imprime des mouvements de rotation jusqu’au moment où la cive est assez grande (D&E).

On la détache alors du « Pontil » le centre de la cive forme une excroissance appelée « Boudine » (F).

Vidéo de la fabrication contemporaine d'une cive par Catherine Farge souffleuse de verre

Le soufflage en manchon ou tableau

C’est un cylindre de verre obtenu par l’allongement de la paraison cueillie par le verrier, puis fendu, ramolli et aplati.

Le verrier souffle une bulle pour former une bouteille creuse appelée manchon puis, ses extrémités sont découpées. Le cylindre obtenu est coupé dans le sens de la longueur et déployé dans un four de recuisson pour obtenir une feuille de verre.

Verre Soufflé Méthode Lorraine en Manchon
Verre Soufflé Méthode Lorraine en Manchon

Le verrier prend une boule de verre en fusion (A). Il la façonne en la faisant tourner à plusieurs reprises (B).

Il la souffle en forme de bouteille (C&D), puis sectionne ce cylindre aux deux extrémités.

Le cylindre s’appelle un « Manchon » (E ).

Il fend le manchon sur toute sa longueur (F&G). Puis l’étale avec une spatule de bois (H).

Vidéo de la fabrication contemporaine de manchon à la Verrerie Saint Just

Pour en savoir encore plus sur la fabrication du verre au moyen-Age par le Musée de Cluny : c’est par ici !

15 juin 2022

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